Une critique du Grésil de Jacques Dupin (1996)
en forme de poème

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************Tout a commencé
par la fin.
J’avais quatre ans.
Moi « l’enfant migrateur »
************* né dans « un berceau soulevé dans l’air »
je faisais face à la mort
à ce qui s’en suit.
Dans ces moments toujours
« les séquelles
le supplice
gravent
ce qui s’envole et s’enterre ».
C’était il y a longtemps.
Je suis resté « là [où] il n’y a plus de points
ni de lignes, ni de crampons
dans le schiste ».
Depuis j’ai appris qu’ « il faut écrire il faut rire » –
« le rire des morts » et celui de « l’amour
perdu » de celui qui dort
« en chien de fusil ».
Sur « la page-plaie »
j’ai écrit nos deux noms couleur
************** « bleu blanc de la cendre »
j’ai écrit pour que l’air s’invite dans la cage
j’ai écrit tu as fui à peine avais-je ouvert.
Je ne dors plus vraiment.
Ils sont sans appel : « le sommeil troué ».
Il faut dire que « les rêves sont insipides
quand ils dorment seuls ».
Tout se passe à la montagne.
“Mais qui l’a voulu ?
C’est toi ou c’est elle ?”
« Je dors – je dois dormir ».
J’essaie.
Mais « une cage » – bien que « d’air » –
ce n’est pas un endroit
pour le souffle et les rêves.
Le vent les balaie – le vent
************************* la suffocation –
et j’étouffe mais la cage
est ouverte.
« Ce qui reste, ce qui respire
dans le mâchefer de ma vie [?]
*
beaucoup d’ombre
quelques pierres
écrites dans le soleil »
J’ai envie de déchirer la pierre
trouver « l’énergie qui fractionne ».
quitte à pas dormir
autant chercher la « vibration de la lumière
dans la nuit de la couleur »
Mais toi, toi.
« Tu te déplaces entre les couleurs ».
Pourquoi es-tu partie et moi toujours là ?
Je veux aller à la mer.
Je suis las des « loups de la voix »,
des bourrasques de la tramontane, des chèvres, de toi.
« Elle va se détruire en moi
comme je
me détruis hors d’elle ».
Elle est l’air de la cage – je n’ai jamais cru à « ton refus de l’air » –
je le savais en écrivant
je le savais en écrivant
mais tu savais mieux que moi
que « la mort est une écriture
de chimères ».
Il n’y a pas d’arbres mais des ronces
et les crêtes sont des bois
d’où chutent
******les corps.
Tous les moyens pour découvrir la chose
doivent être explorés.
Je dis tous mais je pense surtout :
ceux où la chose vient par
« un sentier désaxé
désyntaxé – qui la hisse
d’une encre blanche inconnue
une obscénité bégayante
caressant, roulant cailloux
étranglant torrent
dans la gorge ».
Autrement dit
le clair aux orties et la lumière par la ******* « dictée de pierres ».
Elles pleuvent aujourd’hui
tombent en salve sur la plaie.
Je sais que je les ai faites venir
tout comme je t’ai fait partir
toi comme elles
**************« lumière errante »
« me regardes
me haïr ».