chemins qui ne mènent pas vraiment nulle part, pas vraiment quelque part – expérimentations et choses passées ou en cours

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écriture – journal – les notes ou thérapie, saison 2 (avril 24 – en cours)

c’est le retour du blog poético-thérapeutique le plus célèbre du web.
si c’est pas encore fait vous pouvez vous abonner en mettant votre mail ici.

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pour cette saison 2, j’ai choisi de rester dans la thématique habituelle avec un titre honnête. et accrocheur. bonne lecture.

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exposition – more fun than you ever imagined (avril – mai 24)

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en 2021 j’ai entrepris une série de collages à partir de revues de développement personnel. l’idée était de voir s’il était possible de composer des poèmes sur des thématiques graves – la maladie chronique, le deuil, le monde et l’effondrement – à partir de discours exaltant un bien-être hypocrite parce que perpétuel.
de ce travail est née une cinquantaine de poèmes, chacun ancré dans une saison particulière, qui tous se posent la question de ce que ça veut dire d’exister et de faire société dans un monde qui va mal en prétendant le contraire. j’avais d’abord pensé le résultat de tout ça comme un livre – les branches des autres. et puis le hasard des rencontres, des possibles, et c’est devenu une expo aussi – more fun than you ever imagined.
cette expo reprend donc ces poèmes et en prolonge l’expérience ; elle les présente autant qu’elle les décompose – vers par vers à la verticale et mots par mots à l’horizontale, laissant ainsi la possibilité aux visiteur-rices de s’adonner à leur tour à la composition de nouvelles alliances poétiques.
c’est à voir à la Crèmerie du Plateau d’Assy, dans la vallée de Chamonix, jusqu’au 25 mai.

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lectures musicales – expérimentations (mars 24)

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écriture – poésie – le journal de la fiancée à la muse ou tentative pour s’aimer pendant la fin du monde (février 24 – en cours)

18/02
 
imaginer se perdre persister suspendus et la petite fille modèle s’agenouille dans l’oubli.
à la seule moiteur enlacés comme le fleuve l’est au fleuve, le temps jamais opposé mais grignotant pourtant, le temps à côté, docile, apprivoisé, je ne distingue que ce qu’on invente. nous.
de la nuit, les effluves encore. qui ne sait pas s’abandonner à ce qui sombre la pensée hors d’elle-même ne sait pas disparaître en lui-même, guérir, éternel.
sur un quai qui n’existe pas je te pense partir, à la merci de te suivre, deux fois.
l’air concerné, même si un peu pressé, quelqu’un me dit : « c’est à vous la chaleur sur le sol ? », je réponds, te montrant t’éloigner : « non, c’est à lui ».

07/04

le germe du manque, avant même de parler, un premier souffle arraché, la bouffée déjà déboussolée, et l’épiderme désormais pour toujours impatient – comment savoir par où rassasier le nombril émietté ? comment savoir ? est-ce que toi par exemple tu sais ?
moi je ne sais pas.
je t’appelle d’une terre lointaine : la berge d’une île où avant s’étreignaient les corbeaux.
ils étaient bien.
tout ça se passait avant les glaciations.
maintenant il fait trop chaud mais la voix est la même.
elle dit sans arrêt : s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît – mais s’il te plaît quoi ? elle ne saura jamais.

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écriture – journal – voyage (décembre 23 – février 24)

quand on s’éloigne du lac on passe de l’autre côté de l’image ça devient le réel et quand le chemin est trop dur je regarde mes pieds ça devient le devant jusque là toujours la même suite d’évidences chez les riches il y a des barrières quand on marche en silence je ne suis plus sûre que du deux et je n’ai jamais été heureuse avant cet instant tout ce qui peut être posthume ne m’attire plus vraiment ne m’a peut-être jamais attiré tout est ici et tout est maintenant c’est la première fois et j’ai quand même honte de le dire le présent est devenu habitable tous les jours j’ai peur qu’il s’en aille personne ne sait ce que c’est d’avoir un pare-brise dans la tête et pourtant tout le monde connaît la rareté de la paix son improbabilité ici les gens disent le volcan ne s’allume que la nuit la journée il fait comme vous la journée il rêve

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aujourd’hui compliqué je ne raconte pas forcément les choses dans le bon ordre ici par exemple c’est à l’envers depuis le dernier volcan ce qui ressort c’est que j’ai peur souvent j’ai peur des chiens à qui il faut crier va t’en de ceux à qui il faut dire on peut pas te garder qu’il y ait des pumas nous observant la nuit faire tomber la corde qui me relie à toi quand je suis tout en haut mon corps à qui je dis pourquoi alors qu’il allait mieux quand je ne peux pas dormir je cherche la sortie mais la sortie de quoi et si j’étais un chien qu’est-ce que tu me dirais ? il y a des jours où tout est compliqué et des jours où il suffit de se lever pour qu’il y ait des lupins au milieu des cendres aujourd’hui compliqué alors se terrer ne pas perdre de vue l’espoir que des fleurs puissent pousser à l’intersection du chemin et de l’éruption

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écriture – poésie – en direct (octobre – novembre 23)

hyper sympa

je donne tout mais ils tirent sans frapper

c’est une mue faussement inattendue
celle de l’humanité en extinction
une action et si vite arrivée

le jour se lève et le palais a disparu
le palais était un hôpital

le jour se lève et une maquette a disparu
la maquette était la vérité

non ils ne les ont pas tués un par un
ils les ont simplement tués par centaines

le monstre a faim
il ne néglige rien
y compris la puanteur

il discute avec les géants
ils disent : le monstre est hyper sympa

comme tout le monde il transpire un peu

d’un geste il peut faire disparaître
une rivière dans sa veine
leurs veines dans une rivière

comme tout le monde il peut faire disparaître

c’est un beau jour pour ne pas le vivre
c’est un beau jour pour la faim du monstre

dans sa paume il tient encore sa part de la veille

elle n’a pas peur reste fière
lui crache à la gueule sa dernière colère

le jour se lève et le palais a disparu

pourtant ils répètent sans arrêt :
le monstre est hyper sympa

c’est un beau jour pour ne pas le vivre
c’est un beau jour pour la vérité

répétez après moi :
le monstre est hyper sympa
le monstre est hyper sympa
le monstre est hyper sympa
le problème c’est Karim Benzema

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un visage féminin

à rebours de sa formation
creuse le massacre jusqu’à sa disparition  

à rebours de sa formation
creuse la disparition

j’avais envie de me planter l’iris
j’avais envie de me planter la gorge
 
notre corps n’a pas eu de mémoire disait la morte
notre corps n’a pas eu de mémoire disait l’enfant
 
oui nous nous sommes connues dans la nuit disaient ensemble l’enfant et la morte
oui nous nous sommes connues
 
elle a pleuré
elle n’a pas pleuré

j’ai pleuré
on mangeait devant la télé

je voulais à côté du monde un visage féminin
je voulais à côté du monde autre chose que le monstre

qui disait quoi
j’ai éteint la télé

oui nous nous sommes connues dans la nuit
nous nous sommes touchées

j’avais envie de me planter l’iris par la gorge
j’avais envie de me planter l’iris par la gorge pour qu’elle puisse repousser

elle n’a pas pleuré  
avant de rejoindre en-dedans un mur

ciel

elle n’a pas pleuré
avant de rejoindre en-dedans un mur

notre

j’ai pleuré
j’ai éteint la télé

 
je ne sais jamais si c’est rouge policier ou rouge soldat
je ne sais jamais si c’est du vrai sang qui coule

ce sont les tristes heures ostentatoires
de la rage au vent tirez

vous rendrez tout
vous rendrez rien
 
oui nous nous sommes connues dans la nuit
nous étions des visages féminins
 
vous rendrez tout
vous rendrez rien

comme il vous plaira
comme il vous a toujours plu

comme tout le monde
dans la disparition

notre corps n’a pas eu de mémoire
disaient ensemble l’enfant et la mort

un visage féminin

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collage – La Bible du développement personnel, Harvard Business Review (octobre – novembre 23)

générosité

le précieux dit
en élevant la préférée
le précieux fait
en écrasant la seule
accidentellement ou systématiquement
à chaque fois en fait
l’ascenseur
avance
en phase avec un sens
remue
une chose sans importance
une goutte d’eau sur une tâche
un poignard sur un ciel
une femme pleine de terre
personne n’a rien remarqué
délibérément
l’effet submerge
sacrifie
la possibilité du deux
tombe amoureux du feu

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collage – Résilience, Harvard Business Review (octobre – novembre 23)

maîtrisez les mécanismes de la résilience

tour à tour le noir est rose
mais toujours en plastique

un chien divague
intimement ruiné mais quand même
curieux
impressionnable
certes parfois cynique

les survivants avancent
immanquablement sans épaules
sobres
violents d’un regard pressant

comme un bouclier entre eux et le ciel

ils ont frôlé l’avenir torturé l’avenir
tué personne d’autre que la vie elle-même

du feu dans un laboratoire
une seconde
et parmi ses victimes
la balle encore rebondit

et pourquoi
pourquoi
pourquoi

seulement cette question génétique

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écriture – journal – les notes ou thérapie (octobre 22 – octobre 23)

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lecture musicale – au milieu, la langue – La Petite Fiesta du Petit Labo (août 2023)

ce moment où l’émotion bascule –
quelque part entre l’âge et la distance –
et l’intuition compte pour insulte

nos cœurs statiques n’échappent jamais à la fusion
nos cœurs statiques n’échappent jamais à la tension

ce moment où l’émotion bascule –
quelque part entre l’âge et la distance –
et on dirait ma vie privée de profondeur 
artificielle comme une dernière conversation
ma vie privée de profondeur

à quoi ça sert de comprendre qui parle par ce chemin ?
nous sommes de toute façon si loin de l’horizon –
l’horizon de toute façon si loin de ce chemin
l’horizon de toute façon si loin
de l’horizon

du seuil je veux la source
j’en ai assez toujours d’être entre
j’en ai assez toujours de dire

« jusqu’où nous n’est pas perdu ?

la chambre seulement ? »
j’en ai assez toujours de nuire

d’un inconnu je veux nos corps
et de nos corps la possibilité d’une transparence

d’un inconnu je veux nos corps
et de nos corps la possibilité d’une transparence

une barrière c’est le contraire de l’absence
une barrière même les chiens
même les chiens sont au courant
une barrière c’est le contraire de l’absence

nos cœurs statiques n’échappent jamais à la fusion
nos cœurs statiques n’échappent jamais à la tension

même les chiens sont au courant

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spectacle poétique – la chambre-forêt – Festival La Nuit des Ours (août 23)

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cet été j’ai écrit et interprété (cinq fois d’affilée) pour la première fois un spectacle d’une trentaine de minutes à l’occasion de La Nuit des Ours, festival de spectacles vivants qui se déroule en extérieur et de nuit dans la forêt d’un petit village haut-savoyard.

ce spectacle raconte la fuite du personnage que j’incarne hors du monde et de son installation dans une chambre-forêt. la forme est proche du conte mais le rendu plutôt onirique car le récit du personnage se fait par la lecture de différents poèmes à laquelle se greffent différentes considérations ; au fil du spectacle, les spectateurs et spectatrices sont invités à réfléchir à notre place sur Terre et dans l’univers, au sein du vivant et au sein des étoiles, et à bien d’autres choses encore, comme l’urgence, comme l’oubli, comme la solitude et comme la naissance.


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mise en son – défaite du silence (mars 23 – en cours)

reprise du chantier d’exploration des lectures sonorisées avec la sonorisation de 9 poèmes collés à l’été-automne 2022 parlant de corps et de nuit ou comment rester un dans le deux ou comment rester jour dans la nuit – résultat des courses : défaite du silence. existe aussi en format vidéo.

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poème-chanson – aller (février 23)

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collage – discussion issue du forum « Relations amoureuses » du site Doctossimo devenue vidéo-poème (octobre 22 – en cours)

« Est il possible de trouver lamour a 31 ans? » posté le 21/01/2017 à 10h40
un échange entre un « Profil supprimé » et guyom59 devenu poème-vidéo-poème

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collaboration – mise en son de poèmes des saisons par Camille Ruiz (janvier 22 – en cours)

Camille Ruiz est une poète française vivant au Brésil. Perdre Claire, son premier livre publié, est paru aux éditions Publie.net en 2021.
en plus de textes et poèmes, elle compose des chansons et des créations sonores pour des podcasts. elle a accepté de mettre en voix, en chants et en sons certains de mes poèmes. je ne suis évidemment pas objective, mais le résultat est très beau. il est vivement recommandé d’écouter les enregistrements avec des écouteurs ou un casque.

pour diffuser plus facilement le fruit de cette collaboration, j’en ai fait des vidéos. en voici une.


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collage – à partir de pages Wikipédia – wikipoèmes (mars – mai 22)

poèmes réalisés à partir de pages Wikipédia : découpage d’une page entière puis collage.
publication numérique et recherche autour d’une composition en réseau basée sur les liens internes : un mot est choisi au sein d’un poème puis devient l’origine d’un nouveau poème réalisé à partir de la page Wikipédia qui lui correspond : et ainsi de suite : de mot en Wikipédia en poème : en mot etc.

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mise en son – radio sova (janvier – mars 22)

j’ai utilisé les poèmes-croquis de sova TV pour faire mes premières démos de mises en voix et en son. il s’agit d’un chantier qui s’inscrit dans ma volonté de travailler des lectures enrichies en sonorités, peut-être avant de m’atteler à de la vraie(?) poésie sonore.

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collage et micro-édition – sova tv (janvier – mars 22)

sova TV est une série que j’ai commencée en janvier 2022. elle fait suite à une volonté de renouveler ma recherche poétique suite à la composition des Saisons, dont la fin approche. chaque semaine (jusqu’à lassitude du projet), je réalise un poème-collé à partir du programme télé de la semaine correspondante.
je les dactylographie au fur et à mesure et en imprime le résultat à la fin du mois sur une feuille A4 de papier kraft recyclé. je plie cette feuille en accordéon, en quatre parties égales. et voilà : sova tv.

quand j’évoque ici « une volonté de renouveler ma recherche poétique », il ne s’agit pas tant du renouvellement du matériau utilisé et découpé : que je découpe des magazines de psychologie ou des programmes de télévision n’importe pas tellement en réalité. mon objet n’est qu’indirectement (voire pas du tout?) rhétorique. débusquer les tics de langage journalistiques ne constituent pas l’enjeu ni l’horizon de mon travail. certes les saisons sont nées d’une volonté de me jouer et me rire des discours de développement personnel, mais très rapidement, l’enjeu s’est déplacé pour s’installer dans un travail poétique des plus classiques : comment dire quelque chose qui, par le poème, passe de moi à un autre ou comment créer un arc avec des sensations.

la différence ici tient surtout à une nouvelle façon d’aborder la composition, en prêtant peut-être une attention particulière aux contours du poème lui-même. c’est pour cette raison que j’ai apposé la mention « poèmes-collés en forme de croquis » au dos de ces livrets. c’était une façon de signifier cette nouvelle piste et cette nouvelle recherche d’un quelque chose d’aéré, presque d’inachevé, volontairement abstrait et surtout ouvert. peut-être alors qu’il faudra voir cette nouvelle série comme un découpage à main levée « sans recherche de détails dans le but de dégager à grands traits, l’essentiel du sujet, du motif » . peut-être qu’elle sera plus près de l’oraison des algues et de mes poèmes d’encore avant. les plus flous, plus légers, du moins dans les traits. mais, nous verrons. il faudra attendre la fin de la série pour en dire quelque chose.

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collage et photographie – autopsie (novembre 21)

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collage et micro-édition – les saisons (mai 21 – mars 22)

les saisons est une série de poèmes-collés réalisée à partir du découpage de magazines de psychologie positive et de développement personnel. c’est la première fois que j’utilise une source de composition unique et strictement délimitée, dont le choix est né d’une question : est-il possible d’écrire sur des thématiques graves – la maladie, le deuil, l’effondrement – à partir de revues exaltant un mieux perpétuel ? ou qu’est-ce que ça veut dire aller bien ? ou comment dire ça va pas avec des revues où « tout est ok » ? ou ça fait quoi d’habiter dans un monde qui va mal en prétendant le contraire ?

chaque poème est ancré dans une saison particulière en suivant, de loin, la façon dont le kigo, ou mot de saison, oriente le haïku. cette contrainte supplémentaire permet de suivre les balbutiements d’une voix – la mienne – tout au long de l’année, d’une saison à une autre dans l’espoir que ce qui en sorte soit de l’ordre du témoignage : une parole qui a d’abord été écoute.

côté micro-édition, les poèmes sont imprimés en couleur dans leur forme originale – donc collée. les livrets sont reliés avec une relire japonaise, sont numérotés et singularisés par l’ajout d’un épigraphe unique sur chaque exemplaire ; chacun contient 10 poèmes. entre 35 et 50 exemplaires sont imprimés à chaque saison.

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écriture – exercices critiques (juin 21 – juin 22)

critique poème : juin 2021 – mai 2022

critique critique : février 2022 – mai 2022

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