Poèmes-actus

Février 2021 – « Pour reconstruire la flèche de Notre-Dame, des chênes centenaires sélectionnés dans les forêts de France »

https://www.ladepeche.fr/article/2018/06/07/2813133-multiplication-orages-canons-anti-grele-tournent-plein-regime-tarn-garonne.html

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Hier un arbre est mort.

Certains disent qu’on l’entendit hurler l’adieu qu’il nous lança à tous les deux.

Faut dire qu’il était vieux. Faut dire aussi qu’il nous aimait à nous nous tous les deux – les petites branches de ces vieux jours –

Avant sa mort il nous cria adieu merci bonsoir.

Hier un arbre est mort.

Un arbre ou un ami un proche un frère un père.

Certains disent qu’il était temps.

Est-il un temps pour les vieux arbres ? Pour qu’ils dorment enfin en paix ?

Moi je crois surtout qu’il est un temps qui n’attend pas et qui se moque des arbres qui meurent des fleurs autour de leur chagrin et de l’effroi d’un cri d’adieu.

Et si le temps lui n’attend pas n’attend pas comme moi je crois il n’est jamais de temps qu’un arbre meurt ni que meurent tous nos jours ou pire les fleurs autour.

Hier un arbre est mort.

Il ne reste de cet arbre que du bois dans du bois mort du bois mort un peu plus vieux un peu d’écorce qui sent la mousse qu’on a laissé en plein milieu et puis une fleur à son chevet.

Hier un arbre est mort.

Résonne dans ma tête sans fin ce cri d’adieu qu’il nous lança à tous les deux (adieu merci bonsoir).

Hier un arbre est mort.

C’était un arbre innocent il n’avait jamais rien fait il ne le méritait pas.

C’était un arbre fort et droit qui ne se plaignait jamais et n’avait rien demandé ni même une place où s’allonger pour enfin dormir en paix.

Certains disent que c’est comme ça que le temps ne pardonne pas quand il décide de frapper en plein été ou bien la nuit (ou bien les deux s’il fait trop chaud en plein juillet ça peut cogner alors peut être qu’une nuit d’été ça peut bien n’pas pardonner).

Hier un arbre est mort.

Tout le monde semble s’en ficher.

Un arbre est mort vous m’entendez ?

Un arbre est mort c’était le mien c’était le nôtre.

Que va-t-on faire un arbre est mort ?

Pourquoi personne n’est là à ses côtés ?

Un arbre est mort vous m’entendez ?

Et il n’est pour le pleurer qu’une fleur à son chevet.

Étés 2018-2019-2020-202? « Avec la multiplication des orages, les canons anti-grêle tournent à plein régime en Tarn-et-Garonne »

https://www.ladepeche.fr/article/2018/06/07/2813133-multiplication-orages-canons-anti-grele-tournent-plein-regime-tarn-garonne.html

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Il tombe aujourd’hui de petits êtres ronds souriants et heureux quoi qu’un peu effrayés à l’idée de devoir s’écraser sur le sol – petits êtres ronds si douillets si serviables.

“Pou” c’est le son qu’ils soufflent quand ils tombent sur l’allée “pou” le bruit des flocons qui jonchent le sol des boules de savon qui tapissent les rues – petites boules de “pou” dont le chant chantent en ville.

Ces petits êtres ronds sont bien plus pratiques que les étoiles de mer qui tombaient l’autre jour… Massacre d’une espèce pratiquement décimée en une seule averse. Quelques-unes furent sauvées déposées doucement sur des brancards à branches… Les passants insensibles ne levèrent pas les yeux. C’était pourtant la seule pluie d’étoiles maritimes qu’ils auraient pu surprendre…

Les petits êtres ronds en guise de remplaçants tout en poil en savon et un peu plus peureux mais beaucoup moins fragiles. La mairie a tranché : ils seront à l’essai pour toute la semaine. Petits pous si mignons espérons qu’ils dureront juste un peu plus longtemps.

Une espèce à garder car elle imite mieux la pluie.

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Janvier 2020 – « Cela aura duré cinq jours : 5.000 dromadaires ont été abattus par des tireurs embarqués dans des hélicoptères en Australie. L’objectif : empêcher que ces animaux ne se dirigent vers les réserves d’eau. »

https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/australie-5000-dromadaires-abattus-par-des-tireurs_140459

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Lors d’une nuit sans sommeil j’ai rêvé de dromadaires. Sans comprendre sans penser j’ai d’abord vu leur chef danser le chef parlementaire des dromadaires leader de l’assemblée des condamnés.

Il était là dansant joyeux sabots boueux dansant sur l’échafaud dansant l’oubli dansant sa vie indifférent à ces nouvelles riant l’absurde riant la mort. À lui seul il les avait tous entrainé : la ribambelle des dromadaires tournant en ronde autour de lui.

Moi hagarde je les voyais tourner et danser – heureuse danse du dromadaire qui s’indiffère d’une telle nouvelle.

Entraînée par leurs prouesses à eux je me joignis dans une danse à contretemps : le dromadaire et la jeune fille dans un rêve un peu loufoque.

Dromadaire condamné ô toi mon frère de rêve nous bien plus rêveurs que mammifères gaspilleurs d’eau parmi les flammes chercheurs de soifs noçant nos vies condamnés depuis toujours par la violence de nos instincts dromadaire condamné ô toi mon frère d’un de ces rêves rions encore un peu ensemble c’est une bonne blague que cette histoire un peloton de dromadaire par des snipers exécutés…

Une bonne blague vaut bien un rêve un beau rêve vaut bien une danse – mais une belle danse vaut-elle une blague ?

Alors si les flammes deviennent bourreaux deviennent prétexte à tous leurs crimes d’un rêve faisons une danse et d’une danse une lutte certaine – une lutte-tango une lutte en rêve une lutte comme slow pour mammifères – car dans un monde-tribunal il n’est de soif jamais coupable et n’est de danse qui ne soit une lutte.

Plus que les larmes plus que les cris ne faut-il pas danser de soif danser chaque nuit face à leur monde mourir de vie mourant de soif dans un verre d’eau mourir d’absurde mourant de chaud dans un frigo ?