un grand besoin de lumière

de mon attention pour les lignes : une acuité nouvelle, un sens des trajectoires. en donnant à lire l’enfer de la colonisation belge au Congo, Ténèbre de Paul Kawczak déploie la trajectoire destructrice que s’est tracée toute seule l’humanité depuis qu’elle a humé et aimé l’odeur du sang ; qu’elle s’est plue à mutiler les chairs et les territoires. 

sol majeur

je me suis dit : si je me baigne dans la rivière ça ira mieux. et je me suis baignée. j’ai senti le froid resserrer mes muscles comme la vie autour de moi. j’ai senti le temps m’oublier et moi oublier le monde. ça allait mieux. alors j’ai décidé d’aller marcher. ça, c’est la bonne nouvelle : j’ai suffisamment récupéré ma cheville foulée pour pouvoir retourner sur les sentiers. 

looper sa vie : éloge de la spirale

tout passe, tout change, c’est vrai. mais ce qui l’est aussi, c’est que tout revient, toujours. différemment certes, mais quand même, les choses reviennent. cette certitude m’est arrivée comme ça arrive souvent avec les certitudes, c’est-à-dire, avec une brutalité rassurante. tout se produit à l’intérieur d’une même spirale : nous commençons en son centre et plus nous avançons, plus le rayon s’évase, s’évaste.

par-delà

le plus dur c’est le premier pas. ou tout ce qui y ressemble. même à flanc de falaise. en fait : surtout à flanc de falaise. appuyer fermement sur la pointe de son pied et croire que le reste du corps suivra. s’élancer vers le haut, toujours sur un souffle expiré. alors, j’expire et j’essaie de me dire qu’amorcer cette note peut ressembler à ce geste qui repose pour beaucoup sur le fait d’y croire et surtout d’expirer.

mourir en vie, ne pas mourir

c’est un petit bar qui n’a pas d’intérieur mais qu’une terrasse ; il est à l’extrémité d’un parking, à côté du chemin de fer qui monte au Montenvers. la vue sur les aiguilles et le massif est dégagée, magnifique. et le soleil, même s’il disparaît derrière les sommets vers 17h, y frappe plus longtemps qu’ailleurs. avec la bande, tous les dimanches on s’y retrouve. il fait souvent moins de zéro mais on l’oublie en quelques verres. on est ensemble, on danse sur des vinyles de dub et de reggae, on est censé faire que passer mais on finit généralement par rentrer chez nous un peu plus tard que prévu, souvent transi-es, souvent bourré-es, mais toujours heureux-euses de s’être retrouvé-es dans cet endroit un peu spécial. dimanche dernier c’était particulier. 

tout à part demain : histoire d’une double fin

j’écrivais dans la précédente note : « c’est précaire, c’est fragile, c’est compliqué, et ça paraît si souvent absurde, mais c’est cet amour que j’ai choisi, ce chemin où nous sommes si souvent tentés de sauter dans la mer plutôt que de continuer à marcher dans le sable. ». c’était il y a moins d’un mois et depuis tu as décidé d’arrêter de marcher dans la sable et tu n’as pas seulement sauté dans la mer, non, tu m’y as jetée aussi, au milieu des rouleaux, le diaphragme coincé et du sel plein l’espoir. c’est fini. c’est comme ça. 

le fleuve pollué

une séquence de télé-réalité fait parler d’elle. c’est un extrait de La Villa des cœurs brisés, une émission où les candidat-es sont accompagné-es par une thérapeute, par le biais de coachings en groupe et en privé, pour se reconstruire affectivement. dans cet extrait, un participant demande à une participante s’il peut l’embrasser. celle-ci refuse, dit avoir besoin de temps. il répond : « pas de problèmes, c’est ok ». on pourrait croire que ça en restera là, mais sur les réseaux sociaux, les gens aboient. ça ne va pas en rester là.